La journée a mal débutée. Fannie, mon ancienne psychologue, me réclame le coût entier d'une consultation que j'ai annulée.
Je n'avais pas l'intention de la payer car je trouvais que la raison de mon annulation était valable. Elle n'était pas d'accord et a logé plus de 30 appels téléphoniques chez moi dans le mois suivant. Je me sentais harcelée, intimidée et anxieuse face à cette situation. Chaque fois que le téléphone sonnait je craignais de voir son nom sur l'afficheur. Ce matin, 3 mois plus tard, le téléphone sonne avant 9h00. L'afficheur indique appelant inconnu. Comme je suis en démarche pour me trouver un emploi, je réponds espérant un employeur potentiel à l'autre bout du fil. Et non ! Surprise c'est Fannie qui me réclame encore son argent. Et elle ajoute que je suis malhonnête de ne pas la payer.
Je me sens comme une petite fille honteuse au bout du fil. Je finis par céder même si je considère avoir raison. Je raccroche et je me sens coupable. Je me dis que comme elle est psychologue, donc à mes yeux, elle a plus de valeur que moi et que son jugement est automatiquement meilleur que le mien, c'est elle qui doit avoir raison et moi qui doit avoir tort. Mais en même temps je ressens une colère au fond de moi. J'ai le sentiment de ne pas me respecter en cédant à sa demande qui me paraît injustifiée dans le contexte, surtout qu'aucune entente écrite n'a été signée à ce sujet. Je deviens fébrile. J'ai chaud et je tremble. Le découragement s'empare de moi. Je voudrais me coucher dans mon lit et manger toute la journée. Mais ce matin j'ai une consultation avec Diane. J'ai même envie de l'annuler. Pourquoi ? Comment se fait-il que cet évènement vienne me troubler à ce point ? Je réalise que mes premiers réflexes pour «gérer» cette situation sont inadéquats et destructeurs pour moi-même. Manger, annuler ma consultation, mais pourquoi ?
Sans parler de cet évènement avec Diane, elle m’a fourni une explication. Une explication imagée qui m'aide toute suite à comprendre pourquoi. Elle m'explique que c'est tout à fait normal au stade où j'en suis dans mon rétablissement, d'avoir de bonnes et de moins bonnes journées. Que les nouveaux comportements et habiletés que je développe sont un peu comme de jeunes pousses de gazon et que mes comportements de codépendance eux, sont d'avantage à l'image d'une vieille pelouse enracinée depuis des années. Il est donc facile de piétiner et d'écraser une jeune pousse de gazon contrairement à une vieille pelouse résistante et bien enracinée. L'image est évidente pour moi. Mes nouveaux comportements sont entrain de «pousser à l'intérieur de moi», de prendre vie, de faire leur place. Mais la vieille pelouse est si forte, si enracinée et résistante qu'elle est encore difficile à déloger. Mais avec le temps et de l'entretien le jeune gazon va grandir, prendre plus de place, d'assurance et de force et finir par supplanter la vieille herbe.
Je parle à Diane de ma crainte de faire un transfert de dépendance avec la nourriture. Elle m'explique que comme j'ai déjà utilisé la nourriture comme anesthésiant, il est plus facile pour moi d'y retourner puisque je connais son effet anesthésiant. Elle me suggère de cibler les aliments les plus anesthésiants pour moi et de leur donner le nom d'héroïne ou de cocaïne. En les nommant ainsi, cela me fait comprendre que ces aliments jouent le même rôle qu'une drogue dans mon corps. Encore une fois l'image me parle beaucoup, et ça fonctionne, en effet.
Diane m'explique aussi le danger de la valorisation. En fait, en quoi un être humain peut-il avoir plus de valeur qu'un autre. Moi, j'ai toujours accordé une valeur supérieure aux gens qui ont un niveau de scolarité universitaire, de l'argent, une profession où ils ont du pouvoir ou une certaine autorité, une belle maison, un chalet, un corps mince, une voiture neuve… Je réalise que je juge la valeur des gens selon des critères extérieurs à eux et qui en fait n'ont rien à voir avec ce qu'ils sont vraiment. Car comme me l'explique Diane, ces personnes peuvent perdre demain matin tout ce que j'ai énuméré. Auront-ils alors moins de valeur ? Euh..! C'est confrontant cette manière de pensée.
Elle m'explique aussi que lorsque j'accorde de la valeur aux autres, je les place sur un piédestal donc, je me retrouve automatiquement dans un sentiment d'infériorité. Une personne n'est pas ce qu'elle fait. Elle n'est pas non plus ses comportements. Donc, il est faux de dire que quelqu'un est minable. Pour être qualifié de minable, il faudrait qu'elle le soit 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et 365 jours par année. Dans les faits, personne n'est minable à ce rythme là. Donc, il est donc plus réaliste de dire que quelqu'un a des comportements minables et non pas que la personne est minable. Ouff! Et je comprend alors que la valeur que je m'attribue ou que j'attribue aux autres et en fait basée sur une opinion et non sur la réalité.
Ce sont des prises de conscience importantes pour moi. Car je réalise que la valorisation et la dévalorisation que je m'accorde est basée sur l'opinion que j'ai de moi. C'est pourquoi ce matin avec Fannie je me suis sentie dévalorisée. J'ai acheté l'opinion qu'elle a de moi et je suis rentrée dans une spirale de dévalorisation qui m'a conduite vers des symptômes physiques désagréables et un découragement profond. Je ne suis pas malhonnête et dans ce cas-ci je considère ne pas avoir eu de comportement malhonnête. Mais j'ai accordé une importance majeure à son opinion car je la mettais sur un piédestal en raison de la valeur que j'accorde à ce qu'elle possède.
Wow ! Je viens de trouver matière à réflexion. Merci Diane pour ta consultation téléphonique qui m’a ouvert les yeux. J’ai déjà hâte à notre prochaine consultation.
ISA