Je suis allée au groupe de dépendants affectifs anonymes hier. Le groupe est petit, mais on ma dit que cela variait d'une semaine à l'autre. Hier, j'étais fatiguée et je crois que ne n'ai pas su apprécier à sa juste valeur l'impact positif que peut avoir ce genre de démarche pour moi. Je vais y retourner la semaine prochaine car la chaleur et l'accueil qui se dégage d'un tel environnement jumelés à la spiritualité sont des éléments apaisants pour moi.
J'ai commencé à sortir de ma coquille et reprendre contact avec des gens autrement que virtuellement. Ce n'est pas naturel pour moi, cela me demande un effort, mais cela me fait beaucoup de bien. J'étais trop repliée sur moi-même et je me cachais parce que le contact avec les autres m’occasionnait des émotions négatives intenses. Je préférais être seule mais ensuite je me sentais isolée et abandonnée et je rendais mon conjoint responsable de mon malaise lui reprochant de ne pas être assez souvent là. Je croyais alors que c'était de sa faute si je me sentais isolée. Maintenant je prends conscience que je suis responsable de moi et qu’il me revient d'identifier mes désirs et besoins et d'y répondre adéquatement.
Avec mon ex (que j’appelle souvent l’autre) la situation est parfois confuse. Lorsqu’on se voit il a des élans d'affection envers moi qui me laisse parfois songeuse. Il m'a avoué qu'il était
déstabilisé face à mes nouveaux comportements et qu'il ne savait plus comment réagir avec moi. Il m’a dit qu’il était conscient qu’il avait développé un pattern de sauveur, mais il continue quand
même de penser à ma place et de décider ce dont j'ai besoin quand je me sens triste ou déprimée. Pas plus tard que la semaine dernière, il a encore décidé à ma place en me disant qu’il devrait
rester à dormir à mon appartement parce qu'il avait décidé que c'était ce dont j'avais besoin vu mon état de grande tristesse. Mais là, pour une fois, j'ai refusé. Cela, l'a mis en colère, mais
je lui ai dis qu’il n'avait plus à décider pour moi. Et il m'a répondu que pourtant c'était cela que je voulais avant. Je lui ai rétorqué que maintenant, c'est différent....
J'avais hâte qu'il reparte, mais quand je me suis retrouvée seule, j'ai ressenti une grande colère face à lui. Je l'injuriais à voix haute. Mais pourquoi ? Parce que lorsqu'il part, je me retrouve seule avec moi-même et ressens d'avantage mon vide intérieur alors inconsciemment je le tiens encore responsable de mon malheur, donc je lui en veux. C'est comme si mon bonheur ne pouvait venir que de l'extérieur. Finalement, je pense que j’ai très peu de pouvoir sur mon propre bonheur et que seuls les autres peuvent me rendre heureuse ou malheureuse.
C’est ainsi que lorsque je suis en couple, je renonce à avoir des projets et une vie bien à moi car j'ai la croyance que l'amour de l'autre me comble et me suffit. Quoi que je choisisse, j'ai l'horrible sensation de me piéger moi-même. Lorsque je me mets en mode action pour prendre le contrôle de ma vie, je suis freinée par une immense tristesse un découragement paralysants car je me dis : À quoi ça sert d'avoir un travail, faire des activités, avoir des buts et des loisirs si aucun homme ne m'aime...
En écrivant ces phrases, je prends conscience du non-sens et de l’irréalisme de cette façon de penser, mais cette prise de conscience ne m'empêche pas de souffrir. Je suis de plus en plus consciente que j'idéalise tous les couples. Parfois j'ai des réflexions qui me font vraiment douter de mon état de santé mentale. Si j'apprends qu’une personne est atteinte d'une maladie grave, d'un cancer par exemple, et qu'elle est en couple je me dis qu’au moins elle n’est pas seule. Comme si le fait d'être en couple était la chose la plus importante au monde, même plus importante que la santé.
Mais comment en suis-je venue à développer une façon de penser aussi tordue, à manquer autant d'objectivité. Au fond de moi, je sais que ma façon de penser est dysfonctionnelle et que ma vie émotionnelle ressemble à des montagnes russes. Je finis par avoir mal au cœur, mais je recommence, jour après jour, le même tour de manège avec ses hauts et des bas. J'ai longtemps cru que j'étais bipolaire, mais après évaluation, il semble que non. J'aurais juste à me secouer. Ma mère me le disait aussi. Tu t'écoutes trop ! J'ai pourtant souvent essayé de ne plus m'écouter, de nier mon mal-être, mais cela m’a rendue encore plus malheureuse.
À bien y penser, et malgré tout l'amour que j'ai eu pour elle, je ne crois pas que ma mère était un modèle à suivre. Mariée à un alcoolique violent qui la brutalisait, la dévalorisait et l'humiliait, elle était totalement dépendante de lui. Sa vie a été une vraie torture parce qu’elle ne s'écoutait pas, refoulait et prenait sur elle. Mais pour survivre à son enfer elle buvait et fini sa vie en plein delerium tremens en raison d'un sevrage forcé lors de son hospitalisation pour un grave problème de santé.
J'ai toujours eu quelque part tapis au fond de moi l'impression que je pourrais, un jour peut-être, accéder à un véritable bien-être. Je ne sais pas d'où cela me vient, mais cette petite voix, qui pendant de longues périodes se faisait muette, est quand même toujours restée là au fond de moi. Alors, malgré ses recommandations, je sais que si je veux être heureuse et vaincre ma codépendance. je pense que je vais m'écouter quand même, pas trop m'écouter mais apprendre à bien m'écouter.
ISA